dimanche 21 octobre 2018

Voies vers l'Agartha

Suite au dernier billet sur les enjeux et la direction de l'histoire, Frédéric Sintès m'a suggéré de relire l'un de ses postes de blog. Il y défend l'idée que suivant les jeux, et plus généralement les fictions, on répond à une de ces trois questions :
  1. Le protagoniste atteindra-t-il son objectif ?
  2. Quel prix devra payer le protagoniste pour atteindre son objectif ? et le paiera-t-il ?
  3. On sait que le protagoniste atteindra – ou non – son objectif, comment cela se produira-t-il ?
Cette grille de lecture me met sur une voie plus intéressante que celle sur laquelle je partais.

Déjà, si on analyse Magistrats et Manigances, il est évident qu'il répond à la troisième question. On sait que les enquêteurs vont résoudre l'enquête, mais on veut avoir comment ils vont s'y prendre. Le jeu d'enquête ainsi défini cherche à coller à un canon esthétique, celui des romans policiers en général et du roman judiciaire chinois en particulier ; mais aussi à un canon moral, celui du confucianisme où le fonctionnaire brillant et intègre ne peut que gagner face à la corruption et à l'impiété.

Les Nephilioth n'ont pas un tel compas moral, mais on s'attend tout de même à ce qu'elles parviennent à percer les secrets du monde occulte. Le canon des romans d'enquête ésotérique veut que les protagonistes découvrent des choses, d'autant que les Nephiloth sont des être assez exceptionnels pour ne pas passer à côté d'une énigme par malchance. Par contre, chaque Nephila poursuit une quête mystique de longue halène qui la mettra face à des dilemmes, à ses propres contradictions et à ses propres renoncements.
Du coup, je pense que Nephiloth a une double structure :
  • À l'échelle d'une enquête (~une séance) on sait que les Nephiloth résoudront l'enquête et on se demande comment. (Question 3)
  • À l'échelle de la campagne (de nombreuses enquêtes) on se demande quel prix chaque Nephila devra payer pour progresser vers son illumination. (Question 2)
Jusqu'ici, j'ai surtout creusé l'échelle de l'enquête, et M&M était un précieux guide. Il faut maintenant que je m'intéresse à l'échelle de la campagne, son organisation et comment elle s'articule avec l'échelle de l'enquête.

Dès la création de personnage, chaque joueur doit choisir un arcane Majeur pour sa Nephila, de sorte qu'aucun membre du groupe ne choisisse le même. Ce choix est l'embryon de la voie vers l'illumination, ou Agartha. Mais ce n'est pas une voie balisée avec des étapes prédéterminées. C'est une philosophie de vie exprimée par une seule phrase impérative.
  • Il faut accumuler, classer et répertorier le savoir
  • Il faut utiliser le simulacre et la modernité humaine
  • Il faut rechercher la pureté et combattre la bestialité
  • Il faut cultiver sa sauvagerie et sa monstruosité
  • etc.
Cet embryon de voie va se heurter au réel, aux circonstances et aux opinions des autres. S'interroger sur le bien fondé de sa voie, en changer ou faire évoluer son interprétation, la défendre contre les autres membres du groupes, la privilégier contre son intérêt immédiat, etc. sont autant de circonstances possibles, normales et que je vais tenter d'encourager.

Les voies au sein d'un groupe seront forcément divergentes, au moins dans certaines circonstances. Et le rôle du MJ sera de rechercher de telles circonstances.
Mais la quête de l'illumination ne se limite pas à suivre une philosophie. Pour un protagoniste donné ça se concrétisera par une soif de connaissance ou de maîtrise, une recherche de quelque chose de nouveau ou de quelque chose de perdu. La quête sera ancrée dans des évènements précis, des antagonistes identifiés, des symboles récurrents et dont la solution sera suggérée à travers les enquêtes occultes.

Une fois tout ça posé, je ne sais pas encore concrètement comment la quête mystique va se nourrir des enquêtes. Est-ce qu'il faut un lien direct entre la résolution de conflit et les quêtes ? Ou bien un mécanisme plus lâche comme les fronts d'Apocalypse World ou les nuées de Libreté ?

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